Tant de bons souvenirs ne s’oublient pas ! Les sorties avec Alexis sont des souvenirs qui restent, avec souvent un fait marquant mémorable. En août 1983, cette voie directe française dans la face NNE à l’aiguille du Peigne pour laquelle il s’agissait de partir léger afin de ménager nos efforts. Tri du matériel et nous voilà en route avec cinq dégaines et une paire de crampons pour deux. Arrivés au glacier de Blaitière, libre de neige à cette époque de l’année, nous fixons tant bien que mal chacun un crampon sous une de nos baskets. On progressera en posant délicatement la basket sans crampon sur des pierres enchâssées dans la glace et en prenant rapidement appui sur le pied muni d’un crampon. La course se déroulera sans problème, comme prévu. Après l’ascension de O sole mio, au Grand Capucin, on s’octroie un pique-nique avec bain de soleil sur un bloc au col des Flambeaux. Une pièce de vêtement glisse au pied du bloc. Alexis enfile ses chaussures de skis pour aller récupérer la fuyarde. Le voilà en train de descendre sans penser qu’une fine couche de neige recouvrait de la glace vive. Démarrage fulgurant, debout, seulement vêtu d’un slip. Alexis s’arrêtera cinquante mètres plus bas, juste avant que la pente s’accentue. Alexis était un excellent skieur ! Une activité le même jour était souvent insuffisante. Après une journée d’escalade à la Pierre Avoi, il décide de redescendre dans la vallée en parapente. La météo, en cette fin de journée, est parfaite et le vent nul. Je l’observe, décollage parfaitement réussi. J’apprendrai le lendemain qu’en atterrissant dans la plaine du Rhône, Alexis avait fini empêtré dans les échalas d’un vignoble valaisan. À quelques mètres du sol, il s’était fait embarquer par un vent thermique… Alexis savait aussi ménager ses articulations, raison pour laquelle il se rendait au pied de l’Eldorado (Grimsel) en kayak. Bon plan: ce jour-là , on arrive en même temps au pied de la paroi, lui par le lac du Grimsel et moi à pied par le chemin. Après une belle journée d’escalade, Alexis se met à l’eau pour le retour. Hélas, entretemps, un vent contraire s’était levé. Il lui faudra près de quatre heures pour revenir. Les articulations vont bien mais les muscles font mal. Alexis aimait raconter ses aventures solitaires qui la plupart du temps relataient quelques péripéties qui lui étaient propres. Comme cette descente en kayak dans des eaux bouillonnantes, en postant au préalable une photographe pour immortaliser son exploit. Mais seul le kayak sans passager déboucha entre deux blocs pour terminer sa course au bas d’une cascade. La photo était ratée et Alexis arriva par la route. Ou un décollage trop rapide en parapente dans le massif du Mont Blanc, sans avoir eu le temps de récupérer son sac à dos. Il avisera le PGHM de son « oubli ». Celui-ci sera ramené quelques jours plus tard au PGHM de Chamonix où il ira le récupérer. Souvent la fin d’une ascension était fêtée par un air de flûte. C’était la flûte enchantée au pied d’une paroi. Sa flûte ne faisait pas partie du matériel à laisser pour alléger le sac à dos. Bon vent, Alexis, je ne t’oublierai pas.