Tu étais déjà majeur quand je suis arrivé à La Prairie. Longtemps après, tu m’as dit que ma naissance t’avait réjoui. A mon tour, je me suis réjoui de jouer une petite pièce de théâtre et de chanter pour ton mariage avec Edith, au galetas de La Prairie. C’était une grande journée. Puis, tu as quitté La Prairie. Après votre installation à la Petite Prairie, je suis souvent passé avec papa qui aimait venir voir ton travail aux champs. Il entendait même ton cheval Vodrow s’enfuir de l’écurie et galoper dans les champs! Il t’appelait alors au téléphone pour te prévenir! Vous parliez beaucoup ensemble. Je ne comprenais pas vraiment tout, mais je garde le souvenir d’une relation empreinte d’affection. A ton tour, tu aimais venir nous visiter lors des vacances d’été à Château-d’Oex avec ta famille qui avait grandi entre-temps. Et papa était heureux de vous accueillir. L’évolution de la ville de Nyon allait engendrer des modifications importantes à plusieurs niveaux. Quelques initiés étaient au courant. Je ne sais pas si c’était ton cas. Parallèlement, un homme de loi local était souvent de passage à La Prairie. Que venait-il y chercher? Je ne le saurai malheureusement jamais. Dans la nuit du 7 au 8 mars 1962, tu as fermé les yeux de notre papa. Je te remercie de l’avoir veillé plusieurs nuits durant, manifestant ainsi de l’amour pour sa veuve et ses deux enfants mineurs. En remontant en vélo de l’école, et passant à côté de la Petite Prairie, tu m’as invité plusieurs fois à m’arrêter pour manger. En automne 1962, nos chemins se sont séparés. Tu as cependant cherché à maintenir les contacts, même s’ils étaient devenus plus formels. Je me souviens de ta première visite au William’s Escale. Tu as été le seul membre de la famille à prendre une telle initiative. Elle reste près de mon cœur. Quelques années plus tard, tu as accueilli avec amour celle qui allait devenir mon épouse. Tu as su trouver les mots pour qu’elle se sente à l’aise au sein de la famille restée nyonnaise. Ton affection s’est également étendue à ma belle-famille domiciliée au Jura. Mais le geste que je n’oublierai jamais, c’était de m’offrir, il y a 20 ans exactement, de venir à Berne veiller ma maman sur son lit d’hôpital. J’ai été profondément ému par ce geste si digne et le respect que tu as ainsi manifesté envers elle, Eliane et moi. J’ai essayé de te témoigner, à mon tour, mon affection en te visitant à plusieurs reprises, la dernière fois il y a dix jours à Nyon. Tu as parlé du Ciel, comme but de la vie et rappelé l’importance de la famille à laquelle tu étais puissamment attaché. Tu as chanté quelques paroles d’un cantique. Tu chantes maintenant les autres strophes avec ceux que tu as retrouvés. Au revoir Frédy. Eliane Girardet, ta sœur, à Bolligen/BE Willy Girardet, ton frère, avec Léa, à Bolligen/BE