Cher Gérald,
Nos deux premiers contacts ont été dus au hasard.
Le premier, tu allais chez Stéphane et tu m’as croisée dans ma petite Fiat 500. Je partais. J’ai tout de suite reconnu l’air de famille, je roulais lentement et tu t’es approché de moi pour me demander sans gêne, ni détours : « C’est vous Patrizia ? » Pour le coup, moi j’étais gênée et très intimidée. Ta présence sur le chemin prenait toute la place... mais en même temps, tu avais un sourire si avenant, et je dirais même taquin. A part mon « oui » et un « bonne journée », nous n’avons rien dit d’autre.
Le deuxième contact, a été téléphonique et t’a plutôt surpris. A la demande de Stéphane qui était en plein tournoi de tennis, je cherchais à joindre Marlène pour une histoire de poulet, courant dans le jardin de votre fils et que j’avais mis à l’abri dans la salle de bains. Il fallait l’amener, je ne sais plus où, pour qu’on prenne soin de lui. Stéphane se disait que Marlène ou toi, feriez cela avec plaisir. Tu étais très surpris par mes propos et moi bafouillante et confuse. Comme deuxième échange, c’était plutôt particulier.
Depuis, j’ai pu mieux faire ta connaissance, et avoir la chance de partager des moments précieux avec la famille : les repas du dimanche soir, les anniversaires, les Noël, les barbecues, les raclettes… Oui, j’ai eu de la chance, car tu m’as accueillie dans ton cercle sans retenue. Il faut dire que Marlène te parlait de moi depuis un moment déjà, et qu’elle avait ouvert le chemin. Au fil du temps, j’ai découvert un homme charmant et charmeur, au regard malicieux, impressionnant et drôle à la fois, généreux dans tous les sens du terme.
Ces derniers mois, nous nous sommes beaucoup rapprochés, surtout à cause des circonstances qui ont fait chavirer le quotidien : les soucis de santé, le décès de Philippe, les va-et-vient dans les diverses cliniques.
Durant toute cette période, je t’ai vu très reconnaissant envers tous ceux qui prenaient soin de toi. Bon, parfois tu te montrais contrarié ou de mauvaise humeur, parce que le repas était servi trop tôt, pas à ton goût, les infirmières pas assez rapides, les médecins inexistants... Avec le temps, j’ai appris que tes reproches étaient bon signe : tu allais plutôt bien dans ces moments-là.
Bien sûr, j’aurais voulu profiter de ta présence encore longtemps et avoir la possibilité de collectionner les beaux souvenirs, comme autant de perles sur un collier.
Je te remercie ici, pour tous les mots gentils, bienveillants et pleins de gratitude que tu m’as dits à chaque fois que nous nous sommes vus, pour la confiance que tu m’as témoignée, quand, dans la mesure de mes moyens, j’ai voulu t’aider et te soutenir, pour tous les sourires que tu m’as offerts même dans les moments où tu souffrais le plus et surtout pour m’avoir fait sentir, qu’à tes yeux, je faisais partie de la famille.
Tu vas me manquer Gérald.
Von Septième texte écrit et lu par Patrizia