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  • Vor mehr als 4 Jahren

    S’il y a parfois des fées penchées sur le berceau des nouveau-nés, le plus souvent, ce sont les aléas qui façonnent nos vies : hasard du lieu de naissance, du milieu social ou encore des rencontres, tout ceci forme une partie importante du terreau avec lequel l’on construit sa vie. Jean en est un bel exemple. Né le 23 avril 1931 dans les brumes de la Veveyse, il est le deuxième enfant et premier fils d’une fratrie de huit. La vie sociale de la famille à cette époque est à l’aune de ces campagnes figées dans un 19e siècle fort rude. Peu après ses onze ans, un trimardeur convainc son père que ce jeune garçon robuste – mais déjà fort gourmand – fera un excellent garçon de ferme. Jean arrive ainsi en Lavaux à l’été 1942 chez Emile Nicollier au Boitel. Il y découvre l’un des plus beaux paysages au monde (encore sans autoroute!) mais également les avions allemands et alliés dans le ciel. La guerre est aux portes de la Suisse, la radio grésille et le général Guisan devient un modèle. Soumis à la rudesse de la vie à la ferme, l’école de Chenaux sera son 1er refuge : il découvre l’étude de l’histoire, des sciences naturelles ou encore les mathématiques ; il s’y fait des copains d’enfance qui resteront ses amis de toute sa vie et avec lesquels ils vont faire de nombreuses « crasses ». Les années passent, l’école obligatoire prend fin mais ni études ni formation professionnelle ne lui seront autorisées. En 1951, la Grande Muette l’appelle sous les drapeaux et c’est la découverte du 2e refuge. A l’armée, il mangera à sa faim, il se fera de nouveaux amis pour la vie et il obtiendra une vraie reconnaissance de ses capacités. Finalement, en 1956, il arrive à inverser le cours de sa vie : de garçon de ferme, il réussit, après quelques péripéties, à devenir patron en rachetant le domaine du Boitel. Assoiffé de s’en sortir, il va alors cumuler les efforts et 3 emplois par jour: très tôt le matin, il soignera les animaux de la ferme, puis ira travailler sur les chantiers de M. Notari et enfin, il développera la vigne, année après année, samedis et dimanches compris. Faisant reculer la forêt, arrachant les racines, construisant à mains nues des murs de pierres toujours debout, il plantera et développera son domaine. Il faudra attendre les vendanges 1963 pour qu’arrive une nouvelle éclaircie dans sa vie: Elisabeth, tout juste débarquée de Suisse allemande. Ils fonderont une famille, feront grandir le Boitel et affronteront les bons moments comme les moins bons. Ces deux écorchés partageront 52 ans de vie commune jusqu’au décès de Lisbeth en janvier 2017. Aujourd’hui, Jean a rejoint sa chère Lisbeth et ensembles, eux qui ont tant travaillé, peuvent enfin jouir d’un repos amplement mérité.

    Von Catherine Saib-Bochud