Très chère mamie,
Puissent ces quelques paroles te parvenir…
Ton départ est si brutal… Il m’est très
douloureux de réaliser que je ne te reverrai plus,
assise dans ton fauteuil, guettant l’arrivée de tes
deux arrière-petits-fils, mes deux trésors, pour
leur offrir la désormais traditionnelle boîte de
chocolats et t’émerveiller en les regardant jouer,
tout en tentant de les apprivoiser, doucement.
Tu es entrée dans ma vie il y a 35 ans et y a
apporté tant de grâce et de tendresse,
qu’aujourd’hui, malgré la douleur et la tristesse,
mon cœur déborde de toute l’affection que tu as
pu me porter, au fil des saisons.
Quand je pense Ă toi mamie, je pense Ă :
ton amour unique et absolu pour ton Milan, notre si cher Dedo.
Ta tendresse infinie pour:
Tes deux Nevenka, Nevenka ta fille unique et « Teta Nevenka » ta belle sœur,
Ta Valentine, petite-fille, et ton Pierrot, beau-fils adoré,
Tes arrières-petits-fils, Ivan et Hugo, qui à l’aube de leur vie auront éclairé le
crépuscule de la tienne…
Quand je pense Ă toi mamie, je pense Ă :
Tes mains si douces dont tu adorais prendre soin, tes joues si vite rosées après un
verre de vin,
Ton programme télé rigoureusement sélectionné, des feuilletons à ne pas manquer.
Tes miniatures et autres petits objets qui paraissaient si importants pour toi.
La table du petit-déjeuner préparée la veille, déjà .
Nos instants partagés dans la buanderie, dans ton bureau, dans les marches des
escaliers du chemin de Carabot, nos retours de grandes vacances oĂą il faisait si bon de
vous retrouver enfin, Dedo et toi
Tes gâteaux au chocolat, tes biscuits faits maison, les «vanilicés», tes fameuses
pommes de terre au four (qui me donnent encore l’eau à la bouche), suivies de l’odeur
du café turc fraichement torréfié.
Tes «pilé jouto», et «angel », si souvent murmurés.
Tes baisers, ta croyance en Dieu.
Ton regard bienveillant, ton sourire malicieux, ta douceur, ta fraîcheur, ta discrétion,
ta beauté, ta coquetterie, ton naturel, le bleu de tes yeux.
Mais je pense malheureusement aussi, mamie, à ton désarroi et ta fragilité devant ton
pays la Yougoslavie en proie Ă la guerre civile.
Tant d’images me reviennent et ne cesseront de revenir, petit à petit, elles combleront
le vide désormais ressenti...
Puisses-tu, au bout de ce voyage vers l’inconnu, retrouver ton frère bien trop vite
disparu, ainsi que tes parents et tous les êtres qui t’étaient chers, partis avant toi,
vers cet autre univers… Puisses-tu venir me rendre visite dans mes rêves…
Au revoir mamie, repose en paix, et merci pour tout, je t’aime tant, nous t’aimons
tant. Ton petit poussin jaune Stéphanie
Von Stéphanie Pauli