Cher Raymond, tu étais un des rois incontestés des Bastions, c’est là que nos chemins se sont croisés pour la première fois il y a bien des années. Nous nous affrontions souvent, entre midi et deux heures; comme moi tu préférais affronter un adversaire aux échecs plutôt que d’aller manger au restaurant. Changer les idées, prendre de l’air, s’amuser, se confronter, se battre, plaisanter, gagner et perdre, pas lâcher prise mais surtout passer un bon, long moment ensembles. Certains adversaires sont devenus des amis, des admirateurs, des personnes de confiance. Tu les maniait tous avec brio, certains te battaient, moi rarement, tu n’aimais pas perdre, moi non plus mais la balance des victoires restait clairement en ta faveur. Tu m’as beaucoup appris, les stratégies, les ouvertures, les approches, les finales. Et je t’en remercie à toujours. Cette passion pour ce jeu, les échecs, était une vitamine, un sport, une religion pour toi, et ce l’est devenu aussi pour moi. Il stimulait le cerveau, alimentait les neurones et était la meilleure thérapie et remède pour rester jeune d’esprit, dans les pensées et les idées. À chaque nouvelle partie, lorsque je mettrais mon adversaire valeureux échec et matte, je pensera à toi et je t’enverrai une lueur d’espoir, de remerciement, de respect. Tu étais une personne valeureuse, un adversaire respectueux et un joueur redoutable. Je ne t’oublierais pas si vite et tu me manques, ainsi qu’à toute la communauté des aficionados des échecs du clan des Bastions. Tu vas remporter ta dernière partie à travers un long voyage dans un univers de paix et de lumière avec une victoire personnelle et éternelle que personne pourra te prendre. Repose en paix et continue de jouer. Markus
Von Markus Tanner