Cher Loïc, je me souviens de cet élève si discret et calme durant les cours, dont les interventions et les travaux brillaient par leur qualité et la profondeur de la pensée. Mais c'est avant tout l'image de ce garçon passionné d'histoire, de politique et de culture qui venait régulièrement parler et débattre après les cours que je veux garder. Nous restions alors de longs moments à discuter et j'appréciais tout particulièrement ton enthousiasme, ta passion pour la vie, les idées et les choses de ce monde. Nous nous étions un peu perdus de vue après mon départ du collège, lorsque je suis retourné vers le monde des musées peu avant de prendre ma retraite. Et puis, un jour, je reçus un message inattendu de toi, m'invitant à te retrouver, ce que je fis avec une joie non dissimulée, et à ma grande surprise l'ado discret et calme s'était mué en grand jeune homme chevelu et barbu débordant d'énergie. Je revu en lui cependant ce regard tout aussi pétillant et ressentis la passion intacte, et le goût du débat vif et argumenté dont il faisait preuve adolescent. J'aimais parfois je l'avoue, alors que je partageais sans toujours te le dire tes idées sur de nombreux points, jouer à te provoquer quelque peu. Toi, tu relevais avec énergie le gant pour une joute toujours sans malice et ma foi bien épicée d'un humour pointu qui faisait mouche à chaque fois. C'était magnifique de te retrouver et de me dire que nous débutions une amitié qui allait pouvoir s'épanouir, car tu étais une personne avec laquelle on se sentait de suite des affinités. Le destin ne l'a hélas pas permis. Sois certain que tu demeures dans mon coeur et dans mon esprit. Et s'il est vraiment un autre monde, je sais que tu l'étreindras avec bonheur et enthousiasme comme tu l'as fait pour celui-ci. Merci de ce que tu m'as apporté, par ta générosité et ton humanisme. Bon vent mon Ami. Tous mes respect et mes sympathies aux tiens.