J‘ai eu le grand privilège d’être emmené par lui, en 2009, vers le Sud de la Pologne puis le Sud de l’Allemagne. Cela a été un véritable voyage initiatique. Je connaissais comme chacun les grandes lignes de la Seconde guerre mondiale et de la terreur nazie, mais je lui reste très reconnaissant de m’avoir fait toucher du doigt, plus de soixante ans après, ce que cela a été pour les populations concernées. Cracovie, merveilleuse ville, malgré le souvenir des drames successifs de son ghetto. Puis Auschwitz et Birkenau, expérience indicible de l’horreur, ensuite Nuremberg et les restes de la mégalomanie génocidaire. J’ai alors écrit un long article intitulé «Lettre à mes petits-enfants», insistant sur le fait qu’il était impératif de se souvenir, de ne jamais oublier. Raymond m’a toujours impressionné par l’étendue de ses connaissances et la qualité de sa mémoire - ou en un mot par sa vie, dans plusieurs registres: D’abord sa carrière d'enseignant, en particulier au Collège de l'Elysée. Il parlait beaucoup de ses élèves. On sentait la joie profonde d’enseigner, la satisfaction de voir ces jeunes gens apprendre, comprendre. Racontant aussi tant de chaleureux moments et rencontres, à l’époque ou après sa retraite, organisés ou inopinés, souvent drôles, avec celles et ceux dont il avait été le professeur. Dans le souvenir de ses origines italiennes, il y a ses livres sur les Ritals de Suisse romande et les footballeurs d’origine italienne qui se sont distingués dans notre pays. Et l'extraordinaire "Victor le Conquérant, contant l'histoire de son père. Il parlait de son expérience de militance de gauche, avec une détermination qui n’avait pas faibli. Il y avait le football, grande passion, et le chant choral, et puis le cinéma: là aussi, sa culture et sa mémoire étaient à peine croyables. Merci, Raymond.