Vancouver, Canada, le mardi 27 juillet 2010
Cher Guillaume et famille de Thomas,
Je désire vous transmettre mes condoléances les plus sincères pour la disparition de Thomas. Cet évènement tragique me rappelle à quel point je tenais à lui. Il va énormément me manquer.
Je tenais à faire partager certains moments privilégiés que j’ai eu avec Thomas car je ne peux pas me rendre en personne à la cérémonie d’adieu étant au Canada. Ci-joint quelques mots à son sujet.
J’ai connu Thomas il y a exactement trois ans à la cordée d’août 2007. Je participais pour la première fois. Dès le premier jour, Thomas était déjà là pour soigner nos petites blessures, avec le sourire, toujours ! Depuis, j’ai vécu exactement 11 semaines inoubliables en sa compagnie.
Dès lors, je me souviens que tous les soirs, il nous lisait des petites histoires, dans le noir, avec sa lampe frontale sur le front. Parfois, les histoires était horribles, et Thomas s’arrêtait de lire, laissait régner un petit moment de silence, puis éclatait de rire. C’était sa manière de décontracter l’atmosphère, et ca marchait. Je me rappel plus particulièrement de l’histoire d’une petite fille qui tombe au fond d’un trou, un trou tellement fin, que même un nain n’arriverait pas à s’y glisser. C’était des histoires, dont on ne savait jamais si elles allaient bien finir ou mal se terminer.
L’histoire de Thomas s’est terminée trop rapidement. Elle était si sympathique, si joyeuse. Je n’y voyais aucun défaut.
Thomas, que nous appelions ‘le Maitre Hibou’, était un homme très sensible, toujours très attentif à tous les participants. Il voulait toujours être sûr qu’ils allaient bien, et il prenait volontiers un moment pour discuter avec chacun.
Il était si cultivé ! On lui demandait toujours le nom de cette plante, ou de celle-ci. Il nous donnait les noms en latin. C’était très amusant.
J’admirais également son côté artistique. C’est lui qui ma appris à jongler. Il faisait toujours un spectacle de jonglage avec le feu dans la nuit devant la Cordée. C’était fort sympathique ! Nous savions tous qu’il savait jouer de l’harmonica, mais pour une raison que j’ignore encore, il ne voulait jamais en jouer, ou alors vraiment très rarement… Un jour, ou devrais-je plutôt dire un soir, il ne nous a pas lu d’histoire, il a joué de l’harmonica à la place. Ce fut tellement bien ! Je me rappelle encore d’une mélodie, qui nous a bercée dans le noir, un soir de février, et nous a permis de s’endormir. Tu te souviens Guillaume, il jouait tellement bien.
Un jour, par ma grande surprise, au sommet de la pointe Vouasson, il s’est également mis à jouer de son petit harmonica. C’était si agréable, j’ai adoré !
Il innovait toujours des nouvelles ‘choses’ à la Cordée. Une fois, au sommet des aiguilles du Tour, Thomas s’est mis à se brosser les dents… ?!! C’était si drôle !
Lors des fameuses batailles d’eau cordéennes… il arrivait toujours avec un nouvel engin d’attaque. Il me semble que le dernier fut… les déchets du composte, qu’il a mélangé avec de la cannelle et de la terre ! C’était redoutable !
Enfin, j’ai beaucoup, beaucoup admiré ce grand Maître Hibou, et je sais qu’il va beaucoup me manquer.
J’ai discuté avec lui l’été passé, pendant la Cordée, et il m’a conseillé de prendre une année sabbatique avant de commencer mes études à l’université. J’ai suivi ces conseils, et me voici actuellement au Canada, sur une île. Je regrette de ne pas être là pour lui dire un dernier adieu, mais je penserai très, très fort à lui et à vous lors de l’enterrement.
J’espère que le reste de la famille pourra s’en remettre. Thomas ne voudrait certainement pas causer tant de tristesse autour de lui. Il faudrait pouvoir se relever de cet accident et recommencer la vie, aussi joyeusement qu’il la vivait.
Je vous transmets, cher Guillaume et famille, mes salutations les plus sincère ainsi que toutes mes condoléances et beaucoup de courage.
RIP Thomas
Tamara Nef, chemin des Rasses 116, CH-1255 Veyrier, email : [email protected]
De la part de Tamara Nef